samedi 23 janvier 2016

Le racisme anti-noir en Tunisie

«Le racisme contre les Noirs en Tunisie a toujours existé»



Certainement. Il y a toujours eu des violences, seulement, elles n’ont pas été médiatisées. Avant, sous la dictature, on ne pouvait pas publier des choses comme ça, pour le public. Depuis la révolution, il y a une certaine liberté de dire les choses comme on le sent. Donc ça devient visible. 
Avant la révolution, on ne pouvait pas lire un article dans un journal qui parle d'agression de personnes d'Afrique subsaharienne en Tunisie. Maintenant, il  y a des gens qui disent : « Ah bon ? Il y a des trucs qui se passent, comme ça, en Tunisie ? »
Le racisme en Tunisie contre les Noirs, que ce soient les Noirs d’Afrique subsaharienne  ou que ce soient les Noirs tunisiens, a toujours existé. Sauf qu’avant, c’était plutôt un sujet tabou. On ne pouvait pas dire qu’il y avait du racisme.
Comment ça se manifeste, la discrimination et le racisme ? Qu’est-ce qu’on vous rapporte le plus comme faits ?
C’est surtout dans les mots, dans les gestes, dans les grimaces, dans les expressions de visages, quand on rencontre un Noir ou un étranger d’Afrique subsaharienne. Est-ce que vous savez comment on appelle le Noir en Tunisie ?
Il y a un mot spécifique donc ?
On dit WassifWassif, c'est-à-dire « esclave ». C’était un statut avant l’abolition de l’esclavage.(...) Mais maintenant, ce mot est collé à la couleur noire.
Et c’est un mot que l’on entend souvent ?
C’est un mot qui est devenu un mot courant, qu’on utilise pour désigner la couleur noire, alors que ce n’est pas la couleur, en fait !
Il faut dire aussi que s’il y a des pauvres en Tunisie, les plus pauvres sont les Noirs ! Il y a l’abolition de l’esclavage en Tunisie depuis 1846, mais les Noirs n’ont pas réussi à monter dans l’échelle économique en Tunisie. Ils sont toujours restés parmi les catégories défavorisées.
L’accès au travail est difficile ?
Oui, et c’est normal que ce soit très difficile parce qu'en fait, ils n’ont pas réussi à faire des études. Ils ne peuvent pas accéder à des postes de haut niveau ! C’est assez récent, la présence des Noirs dans les universités tunisiennes.
Votre association lutte notamment contre une certaine mention sur des actes de naissance. De quoi s’agit-il ?
Les actes de naissance des gens qui habitent Djerba, connue pour sa concentration d'habitants noirs, majoritairement descendants d'esclaves, portent encore la mention
« esclaves affranchis ».

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